“À quoi ça sert de partir en voyage à l’autre bout du monde ? Mon bébé ne s’en souviendra pas !”
Cette phrase, vous l’avez peut être déjà pensée, prononcée ou alors entendue dans la bouche de vos amis, de vos parents. D’ailleurs vous souvenez-vous être parti en voyage avec vos parents avant 3 ans ? Probablement pas ! Pourtant ces souvenirs qui n’ont pas été ramenés à la conscience, font partie de votre histoire et ont peut-être même eu un rôle majeur dans votre construction en tant qu’adulte. On vous explique tout !
Comme on n’a pas les connaissances de Fred et Jamy, on a fait appel à Sophie Dalmau, Formatrice et Spécialiste en neurosciences et sciences cognitives (les sciences du cerveau !). Aussi intéressantes et complexes que notre cerveau, ces sciences nous permettent de comprendre certaines de nos réactions, et celles de nos bébés et enfants !
Les grandes étapes de construction du cerveau d'un bébé
Nous avons axé notre discussion avec Sophie sur les premières années de vie d’un bébé afin de comprendre les grandes étapes de construction du cerveau et ainsi pouvoir répondre à la question : voyager dès le plus jeune âge est-il réellement bénéfique pour l’enfant ?
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut comprendre que le cerveau s’hyper-spécialise tout au long de la vie, selon l’expérience de vie de chacun. En d’autres termes, on naît avec toutes les possibilités, un champs infini de capacités cognitives qui vont devoir être stimulées pour se développer. Si des voies neuronales ne sont pas utilisées ou pas assez régulièrement, alors elles s’éteignent (par exemple : une langue que vous n’avez jamais entendue, une saveur jamais goûtée, une fleure jamais sentie, etc). La bonne nouvelle c’est qu’elles peuvent s'allumer ou se rallumer à tout moment !
Comment ça fonctionne ?
Imaginez la voie neuronale comme un chemin. Au début, ce chemin n’a jamais été emprunté, il est donc difficile d’accès. Plus on l’empruntera, plus on l’entretiendra et plus le chemin se dessinera, ce qui nous facilitera la tâche. Petit à petit le chemin deviendra une route, jusqu’à la construction d'une autoroute pour pouvoir y aller encore plus rapidement. Dans le cerveau, c’est la même chose ! Plus on utilise des voies neuronales, plus le cerveau les active et créé les connexions rapidement et facilement.

Les informations perceptives, la clé pour se représenter le monde dès le plus jeune âge
Les deux premières années de vies sont cruciales dans la construction de l’identité, car c’est à cette période-là que le cerveau a le plus de potentiels de connexions possibles. Telle une éponge, il absorbe toutes les informations qui lui sont données. Les enfants découvrent alors le monde par des stimulations perceptives (en d’autres termes, avec leurs cinq sens) et ils enregistrent tout. Plus l’enfant aura d’informations perceptives en mémoire, et plus il aura des capacités à se représenter le monde. N’hésitez donc pas à sur-stimuler ses sens ! Pas de risque de faire une overdose d’informations perceptives, Sophie Dalmau nous confirme que ça n’existe pas ! Attention néanmoins, en grandissant, l’enfant fera d’avantage appel à ses perceptions cognitives (les connaissances) que perceptives (les sens). Il sera alors important de trouver un équilibre dans la stimulation de ses connaissances pour ne pas créer une aversion à la stimulation. Si l’enfant n’arrive pas à gérer, ça deviendra alors pour lui plus frustrant qu’engageant.
À l’âge de 2 ans, le cerveau fait un premier élagage. Après avoir développé un maximum de voies suite à ces deux années de stimulation, il est temps pour lui de faire du tri en “coupant” les voies qui ne sont pas souvent utilisées. De cette façon, il laisse de la place à celles qui ont déjà grandi et qui vont pouvoir continuer leur développement.
Les parents ici présents ont sûrement entendu parler du ‘Terrible Two’ ! C’est en effet la première crise identitaire de l’enfant, qui, suite à cet élagage, commence à se construire. C’est sa stratégie de revendication et d’affirmation se soi, lors de laquelle l’enfant va proclamer haut et fort ce qui lui plait, ou non ! (Do not panic - ça passe... ça vous prépare juste à l’adolescence !)
Bon et là vous allez nous dire : “mais Palpite c’est quoi le rapport ?!”
Et bien le rapport c’est qu’on a souvent entendu des parents autour de nous dire “on partira en vacances avec les enfants quand ils auront l’âge de s’en souvenir.” ... (quel dommage quand on pense aux petits objets nomades Palpite qu’on a pensé pour vous faciliter la vie !)
Selon Sophie Dalmau, voyager est une très bonne façon de stimuler l’enfant puisqu’on l’expose à de nouvelles odeurs, de nouveaux sons, de nouvelles images et à une interaction en continu. Au-delà de l’observation, l’enfant va également apprendre par mimétisme de ses parents, qui, dans un contexte hors du domicile, auront un autre comportement et feront face à des situations nouvelles. L’enfant va alors pouvoir assimiler de nouvelles informations. C’est la magie des neurones miroirs !
Avant 2 ans, l’important n’est pas de savoir “s’il va s’en souvenir” ou “s’il va le retenir”. À ce moment-là l’important est de lui ouvrir un maximum de voies. Plus tard, quand il entrera dans une phase de développement cognitif, toutes ces voies déjà empruntées avant 2 ans lui serviront pour créer des liens et aller chercher d’autres fonctions cognitives.
Heureusement pour les bébés nés juste avant ou pendant le COVID, le voyage n’est pas la seule et unique méthode pour stimuler un enfant. Il existe de nombreuses façons de stimuler ses sens au quotidien : cuisiner à la maison, mettre de la musique, faire de la peinture, etc. Même sans voyager de nombreuses voies se construisent ! Un goûter au parc, une balade dans les bois, un weekend chez les grands-parents, sont des stimulations aussi belles qu'un grand voyage à l'autre bout de l'Europe.

Voyager avec un petit bout de chou c’est bien, mais pas dans n’importe quelles conditions !
D’abord il faut rester à l’écoute du rythme de l’enfant. Aucun problème à casser la routine si c’est bien fait ! Il ne faut pas que ça affecte le cycle circadien de l’enfant - ce sont les automatismes sur 24h qui nous permettent de savoir quand il faut dormir, se réveiller, manger, etc. Cette petite routine participe énormément à la gestion des besoins physiologiques de votre enfant et si l’un d’eux n’est pas comblé (manque de sommeil par exemple), le cerveau va sécréter du cortisol (hormone du stress). Votre enfant sera alors plus enclin à être dans des comportements de fuite ou de combat (colère, pleurs, énervement...)
D’autre part, la nouveauté est source de dopamine (hormone du plaisir immédiat), à condition qu’on réduise l’incertitude qui l’entoure, car l’incertitude fait peur. C’est pour cela qu’il n’y a aucun problème à ce que votre enfant se retrouve dans un contexte complètement nouveau, mais il faudra le rassurer sur les choses sur lesquelles il ne pourra pas se projeter. Concrètement, n’hésitez pas à lui parler en amont du déroulé du voyage, lui montrer des photos avant de partir, lui expliquer comment ça va se passer...
Enfin, l’état d’esprit des parents est aussi primordial pour que le voyage de l’enfant se passe dans les meilleures conditions. En effet, les neurones miroirs sont comme des radars qui ne ratent aucune information. De ce fait si le voyage - tout comme la vie quotidienne d’ailleurs - se passe dans un contexte de stress, de tensions, si le bébé voit ses parents vivre des choses désagréables ou se disputer, il va assimiler le voyage, ou la situation vécue, à quelque chose de négatif. En résumé, vive la joie et la bonne humeur !
On dédramatise tout et zéro culpabilité ! Notez que, pour être créée et développée, une voie neuronale doit être stimulée à de nombreuses reprises. Rien de dramatique donc si votre enfant vous voit vous disputer, être en situation de stress ou de peur ! On vous l'expliquait plus haut, tout au long de la vie le cerveau procède à différents élagages - ainsi, certaines voies créées, qui n’auraient ensuite pas été stimulées dans le temps vont être effacées, oubliées et n'auront aucun impact sur le développement de l'enfant. En fonction de l’intensité avec lesquelles les voies ont été ouvertes et développées, elles pourront plus ou moins facilement se refermer. Grâce à notre capacité de neuro-génèse, il n’y a aucune fatalité ! Pour exemple :
• une personne non stimulée pendant l’enfance sera en capacité de rattraper ce retard en commençant à stimuler toutes ses voies neuronales.
• une personne stimulée pendant l’enfance, perdra ses capacités à créer de nouvelles voies neuronales si la stimulation n’a pas été maintenue.
Grâce à cet échange avec Sophie Dalmau, on retiendra que le voyage est un beau moyen pour stimuler positivement l’enfant dès sa naissance. Tous les déplacements, grand voyage, petit weekend, balade au parc, tous représentent une source immense de stimulations perceptives. Donc OUI, on peut maintenant l'affirmer : voyager avec son bébé est enrichissant à de nombreux niveaux. Osez, adaptez-vous, prenez votre temps, découvrez ! Palpite est là pour vous faciliter tous les moments nomades en famille.
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